Biographie
Né au Chili, Nicholas Dawson détient une maîtrise en création littéraire et complète une thèse de doctorat en études et pratiques des arts (Université du Québec à Montréal). Il est l’auteur de La déposition des chemins, recueil de poésie paru aux éditions La Peuplade au printemps 2010, d’Animitas, roman paru aux éditions La Mèche en septembre 2017, et de Désormais, ma demeure, un livre de recherche-création publié chez Triptyque pour lequel il a reçu le Grand Prix du livre de Montréal et le Prix de la diversité Metropolis Bleu. Il a aussi co-écrit avec Karine Rosso l'essai Nous sommes un continent. Correspondance mestiza aux éditons Triptyque (2021) et a dirigé plusieurs collectifs en création littéraire et dans le milieu universitaire. Son prochain recueil de poésie paraîtra aux éditions du Noroît à l'hiver 2024. En plus d'avoir été membre du comité de rédaction et rédacteur en chef de la revue Mœbius, il a également publié plusieurs textes en revue, en ligne et dans des ouvrages collectifs. Il est depuis 2021 le directeur littéraire des éditions Triptyque. Parallèlement à l’écriture, Nicholas Dawson a une pratique photographique et en art sonore. Sa pratique artistique est stimulée par le désir de réunir les voix, la sienne et celle des autres. La famille, les lieux, la mémoire, les subjectivités, ainsi que les théories queer, les études postcoloniales, les théories de l'affect et les études latinoaméricaines sont au centre de ses préoccupations artistiques et universitaires. https://www.nicholasdawson.ca/
Entrevue
Je lisais très peu de poésie quand j'étais à l'école, je lisais surtout du théâtre et des romans, mais je sentais toujours que l'histoire m'empêchait d'accéder à quelque chose de plus puissant. Je ne savais pas encore que la poésie était ce que je cherchais. Je l'ai su plus tard, au Cégep et à l'université, en lisant Pablo Neruda, Marie Uguay, Anne Hébert, puis plus tard Jean-Marc Desgents, Gabriela Mistral, Hélène Dorion, Hélène Monette et, surtout, Anne-Marie Alonzo qui a complètement chaviré ma perception de l'écriture.
Au secondaire, j'écrivains des vers sans trop le savoir, des poèmes sans le dire comme ça, puis plus tard, au Cégep, je me suis mis à écrire des récits, des nouvelles, des pièces de théâtre, pafois pour le plaisir, parfois pour des travaux scolaires, souvent pour simplement dire des choses qui ne pouvaient s'exprimer dans une autre forme que celle de l'écriture. J'ai ensuite, dans la vingtaine, copié tous les poètes que je lisais, pour éventuellement trouver quelque chose comme ma voix, mon ton, mon souffle, toujours super habité par les autres auteurs et autrices que je lisais. Je pense que je me suis considéré poète quand j'ai décidé de faire une maîtrise sur la poésie et d'écrire un recueil de poésie. Mais j'ai toujours eu du mal à me considérer comme tel, parce que je continue à écrire des récits, des romans, des essais; je préfère me considérer simplement comme un écrivain, mais j'avoue que c'est la poésie qui m'a appris à faire de la littérature, peu importe le genre, alors j'y retourne toujours.
C'est difficile de répondre à cette question en quelques lignes. Je le vois comme un travail sur la langue, forcément, mais pas de façon désincarnée ou simplement formelle. En ce qui me concerne, j'ai l'impression de faire un véritable "travail de poète" lorsque je sens que mon travail sur la langue dépasse les considérations esthétiques : de ce temps consacré à ce travail et du processus poétique dans lequel je m'engage résulterait, idéalement, bien plus qu'un poème, mais une véritable relation plurielle, voire alternative, au monde. Pour cette raison, je crois que le travail des poètes a le potentiel d'être résolument politique, en tout cas c'est dans ce potentiel que je m'incris.
Cette question est tellement cruelle ! J’ai hésité entre un poème de Hélène Monette, un autre de Marie Uguay, un autre de Jean-Paul Daoust, mais c’est le très beau poème « Tête première » d’Ocean Vong que je chérirais le plus, que je répèterais sans cesse dans ma tête pendant les nuits d’insomnie sans devenir fou, malgré sa violence. Ces vers me heurtent tellement, c’est un recueil absolument génial : « Quand ils te demandent / d’où tu viens, / dis-leur que ton nom / a pris forme dans la bouche édentée / d’une femme de guerre. »